Entreprise à mission, comment Cedreo ancre ses engagements sur le long terme

19/10/2022

Une entreprise à mission est une société commerciale qui intègre dans ses statuts un objectif d’ordre social ou environnemental. Cette notion a été introduite par la Loi PACTE en 2019 et est avant tout un engagement pris par l’entreprise. En définissant sa raison d’être, qui a vocation à devenir la colonne vertébrale de l’entreprise, elle matérialise par écrit les grandes orientations qui guideront sa stratégie et détermine les objectifs qui y seront associés.

En juin 2021, 200 entreprises avaient choisi de se doter d’une mission, elles sont aujourd’hui près de 800 et Cedreo vient tout juste de se joindre au club de ces entreprises engagées.

Développer les potentiels et améliorer les environnements de vie, telle est la raison d’être de Cedreo.

Nous avons posé quelques questions sur les enjeux de ces quelques lignes ajoutées dans les statuts de l’entreprise à Mickaël Keromnes, CEO et Marie Van Goethem, VP Ops.

Photo Mickaël et Marie

Pourquoi c’était important pour toi que Cedreo devienne entreprise à mission ?

MK : Milton Friedman disait en 1970 que la finalité d’une entreprise est d’accroître ses profits.

C’était il y a 50 ans et nous pensons que les choses ont aujourd’hui changé. Notre conviction est que l’entreprise du XXIe siècle doit être globalement performante. Elle doit en effet générer des profits sinon il n’y a tout simplement pas d’entreprise mais elle doit aussi prendre en compte ses externalités, son écosystème, pour s’inscrire dans la durée.

En devenant entreprise à mission, nous voulons ancrer cette finalité dans le long terme. Cela équilibre notre gouvernance en mettant systématiquement en question l’arbitrage entre la croissance de nos profits et nos externalités. En pratique, nous avons à présent un comité de mission intégrant des parties prenantes qui challengent le comité de direction sur les impacts de ses choix et leur alignement avec la mission de Cedreo.


Quels sont les objectifs de cette transformation ?

MK : Je ne sais pas si on peut parler de transformation. La performance globale est dans l’ADN de Cedreo. Nous sommes plus dans une démarche d’amélioration continue ici.

L’objectif n’est pas d’opposer la profitabilité et l’impact mais bien d’aller vers une performance globale de l’entreprise : une croissance soutenue et soutenable. Nous avons connu une croissance soutenue mais nous pouvons faire mieux sur la soutenabilité. En structurant notre mission sur plusieurs axes (équipe interne, clients, impact environnemental et sociétal, gouvernance) nous donnons des lignes directrices claires aux choix stratégiques et aux plans d’action de Cedreo.

Un risque que nous avons identifié serait d’avoir trop la tête dans le guidon et manquer d’ouverture d’esprit, de pragmatisme ou tout simplement être biaisés dans nos décisions. C’est la raison pour laquelle nous pensons qu’intégrer des parties prenantes extérieures à l’entreprise ainsi que des experts dans ce comité nous sera profitable.


Quels sont les engagements pris par Cedreo ?

MVG : Cedreo a pris des engagements ambitieux mais réalisables, qui impactent ses salariés, ses partenaires, ses clients, mais aussi la communauté qui l’entoure ainsi que l’environnement. Voici les engagements inscrits dans nos statuts :

– Fournir les outils et connaissances à ses employés pour qu’ils évoluent dans un environnement leur permettant d’exprimer leur potentiel chez Cedreo mais aussi dans la suite de leur carrière.

– Mesurer et réduire les impacts environnementaux de Cedreo et entre autres réduire les émissions de C02 plus rapidement que les objectifs de l’Accord de Paris.

– Accompagner ses clients vers l’autonomie et vers des choix de construction plus responsables et durables.

– Prendre en compte les besoins et contraintes de l’ensemble de ses partenaires pour leur fournir un cadre de travail sain et équilibré.

– Contribuer au développement des territoires sur lesquels Cedreo est implantée entre autres en fournissant des outils et en partageant des connaissances avec les habitants des territoires concernés.

– Échanger ses retours d’expérience pour contribuer à l’accélération de la mise en œuvre des actions d’impact.

Puzzle ecosystème Cedreo

Comment évaluer que la mission est “remplie” ?

MVG : Plusieurs types de moyens sont mis en œuvre pour disposer d’une évaluation objective de notre mission.

Le premier est la mise en place d’un comité de mission qui comprend des acteurs externes à notre entreprise. Et bien sûr la mise en place d’indicateurs de suivi en interne (le taux de CO2 émis par les transports, l’eNPS que l’on ne souhaite pas voir passer en dessous de 60,…)

Ces indicateurs sont également précieux pour suivre au quotidien nos efforts et ne pas attendre l’audit final pour avoir le résultat.


Et concrètement, comment on fait pour devenir une entreprise à mission ?

MVG : Avant tout, il me semble indispensable d’avoir une démarche RSE déjà bien installée dans la culture d’entreprise pour se lancer dans l’exercice, c’est nettement plus simple dans ce contexte et c’était le cas chez Cedreo.

Ensuite, il faut se concentrer sur ce qui a du sens pour les salariés et ce sur quoi on peut réellement avoir de l’impact.

A partir de là, on dégage les grandes thématiques et on réfléchit à des engagements ambitieux, réalistes, concrets mais aussi pérennes dans le temps.

La dernière étape consiste à valider l’adhésion de tous vis à vis de cet engagement : nous avons choisi de circulariser en interne la proposition notamment auprès de notre comité d’impact.

Pour une fois, la partie administrative est peut être la plus simple des étapes : il suffit d’ajouter un nouveau sous paragraphe (2.1 Raison d’être) dans l’article 2 (Objet) de ses statuts et d’y décrire sa raison d’être suivi de ses engagements. Les nouveaux statuts sont ensuite déposés au greffe du tribunal de commerce.


Ça change quoi au quotidien d’être entreprise à mission en termes de business ?

MK : Il n’y a pas vraiment d’impact sur le niveau d’activité mais plus sur les choix stratégiques et surtout leur mise en œuvre. Nous voulions que nos missions soient assez concrètes et explicites pour ne pas rester qu’à l’état d’idée et donner des objectifs clairs.

Concrètement cela a des impacts pratico-pratiques quand on veut par exemple se déployer à l’international en réduisant notre impact carbone. Cela apporte quelques contraintes qui sont contournables avec un peu de réflexion et de pragmatisme. En pratique, on arrive à réduire notre impact carbone par personne en ouvrant deux nouveaux pays.


Et quelles sont les conséquences pour les collaborateurs ?

MK : Là aussi nous sommes plus dans une démarche d’amélioration continue. Nous avons du temps (6 jours / an et par personne) et des moyens (1% du CA), la question est de rendre ces moyens efficients. Nous avons commencé par mieux organiser notre démarche en nous appuyant sur le label B Corp qui a été très structurant. Pour passer à l’étape d’après nous avons besoin de nous ouvrir à des parties prenantes extérieures et des experts et plus seulement les collaborateurs justement.


Un conseil à donner aux dirigeants qui souhaitent devenir entreprise à mission ?

MVG : Commencer par mettre en place une démarche RSE avant de se lancer dans l’entreprise à mission pour se rendre compte de ce qu’il est possible de faire et avoir un collectif solide sur lequel s’appuyer lors du passage en entreprise à mission. Il me semble aussi nécessaire d’écrire des engagements auxquels on croit sincèrement, sans quoi ils seront vite oubliés ou contournés.

MK : Nous pensons aussi que pour une entreprise de notre taille (40 personnes), ces sujets sont le sujet de tous et pas seulement le sujet du dirigeant, de la direction ou d’un responsable RSE. L’ensemble de l’équipe est très mobilisé sur ces sujets et c’est un facteur clé de succès prépondérant.



Merci à tous les deux pour ce partage qui, nous l’espérons, donnera envie à d’autres entreprises de considérer leur performance d’un point de vue global.